Carmélites

Carmélites

Carmélites

Le Carmel : ses origines, ses figures

VIIIe siècle av. J.-C.,
sur le Mont Carmel :

Le prophète Élie se lève comme un feu : « Il est vivant, le Seigneur devant qui je me tiens ». « Je suis rempli de zèle pour Dieu, le Seigneur »
1 Rois 17-21.

En terre d’Israël, retiré dans la prière, sur la montagne sainte, se dresse Élie, le prophète. Dans sa quête du visage de Dieu et son zèle ardent de prophète et de témoin du Dieu vivant, le Carmel, de tous temps, a puisé son inspiration. Puis, de siècles en siècles, nombreux sont  les priants qui, dans le souvenir d’Élie, ont  fait refleurir les déserts de Palestine.

Au Moyen Âge

Des ermites latins s’implantent sur les pentes, dans les grottes du Mont Carmel, au lieu-dit “de la fontaine d’Élie’’. Se plaçant sous la protection de la Vierge Marie, auprès d’une « bèle pitite Yglise » (photo : ruines de cette église) qui lui est dédiée, ils se multiplient, tels des ruches bourdonnantes.

Vers 1209, Albert, patriarche de Jérusalem, leur donne une “formule de vie” nourrie de sève biblique et de l’expérience des premiers moines. Ainsi naît l’Ordre de la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.

Vers la fin du XIIIe siècle

La reconquête de la Terre Sainte par les Sarrazins oblige les ermites à fuir en Europe où ils s’efforcent de vivre leur charisme dans des conditions de vie tout autres. Des communautés féminines fondées dans le même esprit, en particulier aux Pays-Bas (béguinages) s’adjoignent à leur vie priante. Jean Soreth, prieur général des carmes, réformateur du Carmel masculin, les constitue canoniquement en  communauté de carmélites ; avec Françoise d’Amboise (1427-1485), il fonde à Vannes en Bretagne le premier monastère du Carmel féminin.

Au XVIe siècle, en Espagne

madrefundadoraThérèse d’Avila (1515-1582)

Dans un monde et une Église en plein bouleversement : conquête du « nouveau monde », développement de l’imprimerie, découvertes de Copernic, réforme protestante, concile de Trente, renouveau de la vie religieuse et durcissement de l’Inquisition…

Thérèse de Ahumada entre au carmel de l’Incarnation à Avila (1535). Ses profondes expériences spirituelles lui inspirent le désir d’une vie plus radicalement livrée au Christ dans la prière et la poussent à retrouver la sève primitive du prophète Élie : Jetez les yeux sur la race des saints prophètes dont nous descendons. Le 24 août 1562, avec quelques sœurs, elle fonde à Avila le petit carmel de San Jose, à l’univers étroit mais aux larges horizons ouverts sur le monde, l’Église et son unité, les prêtres, la mission : C’est pour cela que vous êtes réunies ici… ce sont là l’objet de vos désirs… le but de vos prières.

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San Jose constitue laremparts d'avila première communauté de ce qui va rapidement devenir le Carmel Thérésien. En maîtresse spirituelle de ses sœurs, elle leur communique sa passion de Jésus-Christ, « l’Ami fidèle… Cherchez sa compagnie… jetez les yeux sur Lui… Ce que je vous demande, c’est de Le regarder… « .

Elle donne au Carmel un visage nouveau : deux heures d’oraison (prière silencieuse) chaque jour : nous sommes appelées à l’oraison et à la contemplation. Vie fraternelle en petites communautés (pas plus de vingt et une sœurs) joyeuses et simples, où toutes doivent s’aimer, s’entraider et travailler de leurs mains. Orientation toute apostolique et ecclésiale : le monde est en feu, ce n’est pas l’heure de traiter avec Dieu d’affaires de peu d’importance. Insistance sur le caractère tout entier marial de l’Ordre ; non seulement par sa vie liturgique ou ses traditions de piété mariale, mais selon une empreinte toute particulière donnée à l’oraison et à la contemplation. Présence discrète, cachée, silencieuse de Marie. Au Carmel, tout entier marial, on aime la contempler recueillie, méditant toutes choses en son cœur… Regina cæli… Reine et beauté  du carmel… Notre mère et notre sœur. 

Untitled-3Jean de la Croix (1542-1591)

En 1567, Thérèse rencontre fr. Jean de St Matthias. Rencontre décisive pour la Réforme, tant du côté masculin : « les carmes déchaux », que du côté des sœurs : tous deux jetèrent comme les fondements de l’Ordre, Paul VI. Par ses écrits, Jean de la Croix conduit l’âme à travers “la nuit obscure” de Foi jusqu’à l’union transformante en Dieu. Qu’elle se laisse faire par ce Dieu qui est le centre de l’âme… Qu’elle se dispose seulement à l’union divine… la pure contemplation consiste à recevoir.
Les communautés du Carmel thérésien vont rapidement essaimer en Espagne, en France, en Europe et, peu à peu, dans le monde entier.

XIXe siècle

À l’heure de grandes découvertes qui vont à nouveau bouleverser la vision de l’homme et de Dieu…

carmel vinçaThérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face (1873-1897)

Thérèse Martin entend l’appel à suivre Jésus seul. À quinze ans, elle entre au carmel de Lisieux, ce désert où le Bon Dieu voulait que j’aille me cacher. Dans la Parole de Dieu scrutée et priée, elle découvre le mystère de l’enfance évangélique. Aimer Jésus et le faire aimer. Dès lors, elle court dans sa petite voie de confiance simple et amoureuse, vivant au quotidien son audacieux désir d’être l’Amour au cœur de l’Église, dans l’accueil de sa faiblesse et l’Espérance aveugle en la Miséricorde de Dieu. Assaillie par la tuberculose, l’âme envahie par les plus épaisses ténèbres, elle ira jusqu’au bout de l’abandon, offrant tout pour l’Église et pour les pécheurs ses  frères.

Un an après sa mort, son Histoire d’une âme franchit les frontières, ravivant l’Espérance aux quatre coins du monde : Je sens que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le Bon Dieu comme je l’aime. Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre. 

Élisabeth de la Trinité (1880-1906)

carmel de flavignerotÉlisabeth Catez, fille d’officier, tempérament fougueux, nature généreuse et droite, elle saura vaincre son terrible caractère par amour pour Jésus. Amie chaleureuse et pianiste accomplie, elle quitte tout pour entrer au carmel de Dijon à vingt et un ans. Son nouveau nom l’enchante : Élisabeth de la Trinité se livre sans réserve au Christ qu’elle rencontre au plus profond de son cœur.

Elle partage à ses amis et à ses sœurs la merveilleuse découverte : tous appelés, tous aimés, tous habités par la présence du Dieu tout amour. Consumée par la maladie d’Addison, elle en accueille sereinement les terribles souffrances comme une identification au Christ crucifié. Témoin éclatant de la joie d’être enraciné et fondé dans l’amour, elle nous convie à découvrir à notre tour dans le Christ le beau soleil irradiant notre vie.

carlehavre3°°XXe siècle

La seconde guerre mondiale…

Thérèse-Bénédicte de la Croix (1891-1942)

Edith Stein, juive, allemande, philosophe. Dans sa jeunesse sa soif de la vérité est sa seule prière. Devenue chrétienne à l’âge de trente ans, elle découvre sa vocation profonde : Se tenir devant Dieu pour tous. Elle sera enseignante, traductrice, conférencière, témoignant de la Foi qui la fait vivre. En 1933, elle entre au carmel de Cologne mais peu à peu la menace nazie s’étend sur l’Europe, l’étau se resserre autour des juifs. Thérèse-Bénédicte de la Croix entre dans la Science de la Croix à la suite du Christ.

Déportée, elle meurt à Auschwitz le 9 août 1942, solidaire de son peuple, offrant sa vie pour caramiens11_resizetous, victimes et bourreaux, intercédant pour un avenir de paix. Le Pape Jean-Paul II la proclamera co-patronne de l’Europe. Sa recherche philosophique et spirituelle éclaire des questions très actuelles : sur la personne humaine, le sens de l’éducation, de l’État, le rôle spécifique de la femme, les racines juives du Christianisme face à Dieu, l’individu et l’État, le dialogue judéo-chrétien…

XXIe siècle

Aujourd’hui…

Dans l’esprit insufflé par la Madre et un monde en mutation, le Carmel continue sa mission : vie d’amitié avec le Seigneur, vie fraternelle ou en solitude, vie missionnaire sous bien des aspects, prière, travail caché, silence, amitié entre sœurs… Telles en sont les réalités essentielles.

10 000 carmélites en 760 monastères environ dans le monde, 900 carmélites en France (une cinquantaine en formation) en 69 monastères témoignent, par la joie de leur vie, de cette présence qui les habite : Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens.

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