Visitandines

Visitandines

Visitandines

Dans le grand jardin des Ordres monastiques et des spiritualités qui les animent, l’Ordre de la Visitation Ste Marie fait penser à un parterre de violettes. D’emblée, il n’arrête pas le regard : il y est question de simplicité de vie, de cordialité, de vie cachée. Surtout, il centre l’attention sur le visage du Christ doux et humble de cœur. En effet, c’est ce parfum évangélique, discret et décisif, que St François de Sales a voulu répandre en fondant un nouvel Institut de vie consacrée.

Jeune évêque de Genève depuis 1602, François de Sales n’a de cesse qu’il n’ait revitalisé la vie chrétienne, dans son diocèse et partout où il passe. Il lance à tous les vents l’appel à la sainteté qui s’adresse à tous les baptisés. Il accompagne les pas de tous sur le grave et joyeux chemin d’un plus grand amour de Dieu et du prochain.

Cette urgence évangélique, il la reçoit en plein cœur au regard de la vie religieuse, souvent décadente. C’est alors qu’il rencontre Jeanne de Chantal, une jeune veuve et mère de 4 enfants. Dieu va leur signifier que le moment est venu de répondre à l’appel de tant de femmes attirées par une vie religieuse plus adaptée à leur condition, notamment les veuves et celles à qui la santé n’autorise pas l’accès aux grands Ordres.

Le 6 juin 1610, en la fête de la Trinité, naît à Annecy le petit Institut qui va bientôt porter le nom de « Ordre de la Visitation Ste Marie ».   Pourquoi ce vocable de « visitation » pour un Institut contemplatif ?  Son intention est de mettre en relief pour le peuple chrétien ce mystère évangélique peu développé et pourtant central : « Dieu a visité Son peuple ».  Il ne cesse de le visiter pour lui communiquer Sa paix et Son salut. Jeanne de Chantal devient la pierre d’angle de la jeune Visitation qui va très vite essaimer.

L’Ordre de la Visitation répond profondément à un besoin d’âme du temps des deux Fondateurs. Cet « appel d’air » continue de s’exprimer au cœur de l’Église par l’accent porté sur la douceur et l’humilité à force de contempler le Christ doux et humble de cœur. Dans cette profonde logique de se situer au plus juste dans le grand concert des Ordres religieux, se maintient à la Visitation ces priorités : à la longueur des prières, la Visitandine est appelée à préférer le recueillement intérieur, aux austérités la disponibilité de cœur, à la stricte pauvreté matérielle le détachement effectif des choses… Tout un ensemble marqué au coin d’une vie d’union à Dieu intime et généreuse. Le temps d’oraison silencieuse quotidienne (une heure + 1/2 heure) en est à la fois la source et le fruit :

« pour donner à Dieu des filles d’oraison si intérieures
qu’elles soient trouvées dignes de L’adorer en esprit et en vérité »,

nous en assure St François de Sales.

« Vraiment, notre petite congrégation
est un ouvrage du Cœur de Jésus et de Marie.
Le Sauveur mourant nous a enfantés par l’ouverture de son Sacré-Cœur »,

murmure St François de Sales dans une lettre à Ste Jeanne de Chantal, près de 70 ans avant les Révélations du Christ à Ste Marguerite-Marie à Paray-le-Monial…

En quatre siècles l’Ordre s’est répandu à travers le monde, sur quatre continents. Les tempêtes ne l’ont pas épargné : guerres civiles, épidémies, famines, révolutions, guerres mondiales, bouleversements de frontières, génocides, persécutions religieuses, exils, etc. Tant de fermetures, de transferts, de recommencements, de déplacements, d’incertitudes du lendemain… Fragiles et fortes, modestes et audacieuses, les Visitandines ont tenu leur place de priantes, debout, avec au cœur, le Magnificat de Notre-Dame traduit en 12 langues au cœur de 33 pays. L’Amour de Dieu est le premier et le dernier mot !

Un parterre d’un peu plus de 2500 violettes… cela finit par se repérer ? En tout cas, en simples bouquets liés par la cordiale dilection, cela n’apporte-t-il pas le parfum unique d’un « Dieu qui est Dieu du cœur humain » François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu.

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